Vous êtes ici: Nouvelle
  

La Cidrerie du Minot ou «mettre la pomme en bouteille»

Sep 18, 2015

 

Photo de la famille Demoy dans le verger de la Cidrerie du Minot (Photo©Debeur)

 

De la tradition bretonne au renouveau québécois.

 

Par Huguette Béraud et Thierry Debeur

Photos ©Debeur

 

Du cidre, chez les Demoy, originaires de Bretagne, on en fabrique depuis plusieurs générations, 150 ans. Dans toutes les fermes on faisait du cidre, c'était la boisson ordinaire, et la famille Demoy n'échappait pas à la règle. On produisait du cidre tranquille et du cidre bouché. Ensuite, l'aventure s'est poursuivi au Québec avec la venue du couple Robert et Joëlle Demoy.

 

Commencée en Bretagne, l'aventure se poursuit au Québec

 

Robert Demoy est œnologue, diplômé de l'Université de Bordeaux, et travaille à Bordeaux dans les vins. En 1978, il arrive au Québec, suite à une annonce de Claude Lussier propriétaire de Lubec, producteur de vin et de cidre, qui cherchait un œnologue. Joëlle arrive trois mois plus tard, un jour de tempête de neige, avec leurs deux enfants, Audrenne 12 mois et Alan 4 semaines.

 

En 1983, Joëlle retourne sur le marché du travail et œuvre dans le même domaine. Pour rendre service, ils font des essais dans leur cave avec le vin du Vignoble de l’Orpailleur. Puis, le ministère de l’Industrie et du Commerce du Québec décerne les premiers permis pour le vin en 1985 à Côte d’Ardoise, Angel, L’Orpailleur, et La Vitacée. La même année, Lubec est vendu à Jean-Denis Côté. Robert travaille avec lui un an, puis il monte un bureau de consultation.

Ci-contre: Photo de mariage des grands-parents maternels Pierre Bertrand et Jeanne Crez

 

Du vin au cidre

 

De 1920 à 1933 au Québec, à l’époque de la prohibition, le cidre a été oublié par la loi. Légalisé en 1970, il en résultera un cidre mal fait, fort en alcool, vendu un peu partout par des gens qui n’avaient pas le temps de le faire comme il faut. En général, les boissons maison sont toujours plus alcoolisées. Le couple Demoy étudie la question et décide de relever le défi. En 1987, ils achètent un verger du côté d’Hemmingford, assez proche des lignes américaines, qui se révèle avoir un micro climat propice. Il y a 52 hectares dont 8 en verger. Ils l'appelleront Verger du Minot, car la pomme se vend en minot (cagette contenant 40 livres de pommes). Par la suite le nom deviendra Domaine du Minot et enfin Cidrerie du Minot.


Photo de droite: Robert Demoy manoeuvrant le pressoir à pommes de ses ancêtres dans le musée de la Cidrerie du Minot

 

Le nom Cidrerie du Minot est maintenant présent partout. Pour augmenter la notoriété de l'entreprise et afin que le consommateur achète avant tout du Minot, on a standardisé le logo et les étiquettes. Elles sont modernes, portent la même base design, seuls les noms des produits changent. On choisi donc du Minot en premier et le produit en second. Une excellente initiative!

Photo ci-contre: Quelques-unes des nombreuses médailes remportées par la Cidrerie du Minot


Du Minot reçoit le tout premier permis québécois

 

Le 13 juillet 1988, ils reçoivent le tout premier permis québécois de production artisanale de cidre. Il porte le No 1. Robert et Joëlle créent alors le premier Crémant de pomme du Minot, titrant seulement 2,5% d’alcool, pour refaire l’image du cidre et pour se démarquer de la mauvaise image collée à cette boisson. Ce cidre pétillant est fait avec la méthode Charmat, en cuve close. Le crémant est bien accueilli, le peu d’alcool privilégie la fraîcheur et le fruit. La vente se fait au domaine seulement, mais le plan d’affaire est de le faire rentrer à la SAQ. Bingo! en 1989, la SAQ le vend en spécialité. Ensuite, ils créent un second produit le Vermouth de pomme qui est à la mode, puis ce fut La Bolée.

 

Les Demoy sont des gens travailleurs, persévérants, expérimentés et sérieux. Fort de leur expérience, après 3 ou 4 ans, le quota du Crémant de pomme du Minot est atteint pour être vendu en produit régulier à la SAQ. Également, un kiosque au salon SAVA au stade Olympique fait connaître le produit.

 

Photo de droite: Photo de famille devant la boutique de vente de la Cidrerie du Minot

 

Ici, on ne joue pas avec le feu!

 

On emploie 15 variétés de pommes choisies pour  leurs qualités respectives et on délaisse les pommes pourries. On recherche le goût spécifique, une certaine acidité, des aromes, du sucre. Surtout on privilégie la fraîcheur et le fruit.

 

Le cidre est un produit populaire, rural, un produit du terroir québécois à 100%. Les pommes se prêtent aux bulles, à l'effervescence. Elles donnent la colonne vertébrale au cidre. La bolée se marie à merveille avec les sushis. Pomme et poisson forment un mariage réussi.

 

En 1989 ils produisent la Cuvée du Minot 0,5% et le Clos du Minot 0,9% (alcool limité à 1,5 %). Ces produits sont difficiles à produire, ils doivent être tout en finesse, en dentelle. La formation d’œnologue de Robert se révèle pertinente. Il faut un doigté professionnel pour le réussir. Aujourd’hui la Cidrerie du Minot peut s’enorgueillir d’avoir créée 12 produits, étalés sur plusieurs années, avec des nouveautés comme La Bolée pétillante, Du Minot doré (concentration du moût par le froid), le Cidre de glace du Minot et le Cidre de glace effervescent du Minot.

 

28 ans! Une belle histoire, de défi, de fierté

 

Ils sont les premiers à avoir recréé une industrie disparue au Québec. Ils sont les pionniers de la réhabilitation du cidre. Selon eux, le cidre devrait être la boisson préférée du pays. Mettre la pomme en bouteille, quelle belle industrie!

 

Et leurs enfants? Le couple Demoy a beaucoup de chance, la relève est assurée. Leur fille Audrenne, qui a fait deux années universitaires en biochimie, s’occupe aujourd’hui de la production et de l’élaboration des cidres, elle a un jeune garçon et une fillette. Leur fils Alan, bachelier en administration, quant à lui, est en charge du marketing et des opérations, il a trois jeunes garçons. Un élan de modernisme est ainsi apporté par la relève. Ils exportent leur cidre de glace en France et en Chine

 

Robert Demoy, est devenu consultant en vin et en cidre, conseiller technique auprès de producteurs artisanaux. Il est professeur à l’ITA de Saint-Hyacinthe et enseigne sur toutes les boissons alcoolisées.

 

Photo de droite: Les petits enfants de Joëlle et Robert Demoy

 

Cidrerie du Minot

376, Ch. Covey-Hill, Hemmingford | Tél.: 450-247-3111

www.duminot.com  D

 

Joëlle, Robert, Audrenne et Alan Demoy dans la cave à cidres




Posté par : debeur
 
blog comments powered by Disqus