Autoportrait d'un paysan rebelle, une histoire de pommes, de vin et de crottin

Comme j'aimerais qu'il y ait une suite à ce livre. J'ai lu l'histoire de Christian Barthomeuf comme on lirait un roman. Passionnant! Et combien réconfortant par les explications qu'il donne et surtout par les solutions qu'il apporte.

Commentaire de Thierry Debeur

L'auteur remet en question les méthodes agroalimentaires où règnent pesticides, engrais de synthèse, etc., et propose une approche ancestrale, voir millénaire, toute simple, cela s'appelle la culture fondamentale. Celle d'un équilibre naturel où les plantes doivent se battre pour survivre. Et le résultat est là: plus de chimies ni même des rares produits autorisés par le label «bio» pour lequel il est certifié. Il va plus loin. Il ne met absolument rien dans ses cultures. Et s'il obtient un peu moins de production, il gagne beaucoup en qualité et en santé. De plus, il économise sur les chimies qui grugent beaucoup le budget d'une ferme. Tout cela prend du temps, de l'observation, de la réflexion, du jugement et de la patience. Mais lorsqu'on y arrive, quel bonheur!

Dans cet ouvrage, on suit non seulement l'histoire atypique de l'homme mais aussi sa démarche. Il explique pas à pas ce qu'il fait et les résultats qu'il obtient. Un livre à mettre dans toutes les mains, certainement. Dans celles du consommateur pour qu'il sache plus précisément ce qu'il achète et ce qui est bon pour lui et les conséquences des gestes qu'il pose lorsqu'il achète sa nourriture. Ensuite, il serait bon que tous les agriculteurs lisent également ce livre et en tirent les leçons ou les conclusions. Car l'équilibre naturel fondamental débouche sur le respect de la biodiversité, de l'environnement et de la planète en fin de compte. Ce qui est un fait incontournable c'est que si l'on ne fait rien, on va tout droit dans le mur comme le dit si bien l'astrophysicien québécois, Hubert Reeves.

Nos paysans, terme noble qui défini l'homme comme celui qui fait le paysage, devraient réapprendre leur métier et se réapproprier un savoir et un savoir-faire millénaire qui a tendance à être oublié, voire perdu, face à l'exploitation des cultures intensives dominées par les chimistes, les biologistes, et où le profit est plus important que la qualité des produits et de la vie des consommateurs, incluant bien sûr celle des cultivateurs et des éleveurs.

«Oui mais comment faire lorsque je fais mon épicerie?», demandent les consommateurs déconnectés et inquiets mais qui voudraient bien faire quand même. C'est très simple, lorsque les beaux jours arrivent, allez faire vos emplettes dans les marchés publics et questionnez les marchands. Vous y rencontrerez probablement des producteurs, certains sincères et d'autres qui le sont moins. Mais à force de questionnement et de discernement, vous pourrez faire des choix plus éclairés et plus adéquats pour votre santé, pour la planète et pour le goût, donc pour le plaisir. N'oublions pas que c'est le goût qui est culturel.

Et puis l'été on achète les produits que l'on va mettre en conserve pour l'hiver. Donc, il faudra profiter de l'abondance de nos produits locaux en été pour transformer ceux-ci en réserves pour l'hiver. «Manger local à l’année, c’est en plein cœur de l’été que ça commence!» déclare pour sa part Julie Aubé, lors du lancement de la Semaine québécoise des marchés publics, dont elle est la porte-parole. Mme Aubé, nutritionniste et auteure du livre Mangez local, a aussi collaboré au présent ouvrage.

À quand la suite? Autoportrait d'un paysan rebelle 2. Oui, à quand? Je suis certain que l'auteur de cet ouvrage a encore beaucoup à dire.

Christian Barthomeuf est non seulement le premier à avoir planté de la vigne au Québec, mais il est surtout l'inventeur du fameux cidre de glace qu'il élabora en 1989. Une technique qui est apparentée à celle du vin de glace. D'ailleurs, il fait les deux.

J'ai déjà rencontré l'auteur de ce livre lors d'un reportage en 2014. Vous pouvez [lire l'article ici].

Autoportrait d'un paysan rebelle

Une histoire de pommes, de vin et de crottin

Par Christian Barthomeuf aux Éditions du Passage, 34,95$ en librairie

Avec la collaboration de Julie Aubé

Photographies de Virginie Gosselin

Préface de Laure Waridel, Véronique Rivest et Jacques Orhon