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L'École No41, Walla Walla

Aug 9, 2015

 

(Photo Charles-Henri Debeur)

 

Eh bien non ce n'est pas une blague, mais si on ne peut plus déguster, parler de vin et rigoler, je ne vois aucun intérêt au monde du vin.

 

Par Charles-Henri Debeur

 

Walla Walla est une vallée de l'État de Washington aux États-Unis, dont est venu nous parler Marty Clubb, propriétaire (avec son épouse) du vignoble L'École No 41. Monsieur Clubb est des plus sérieux quand il s'agit d'en parler. Normal! Fier de nombreux prix et distinctions (Wine Decanter, Wine &Spirits, Vignoble de l'année, etc) il parle aussi bien de ces êtres qu'il élève – eh oui, les vignobles ont leur terre qui leur tient tant à cœur, que c'est souvent à s'y méprendre au même titre qu'un membre de leur famille – que de sa région, privilégiée d'un rayonnement similaire à ceux connus en France entre les 45e et 50e parallèles. Excepté qu'ils n'ont pas toute l'eau dont bénéficient les Français, selon lui. Mais il n'en tient aucune amertume ni le besoin de se justifier. Un homme droit et rigoureux qui ne déroge en rien, ni à personne, à sa démarche.

 

Ce qui m'est apparu comme le plus habile dans son approche est qu'il ne recule pas devant la récolte manuelle, qui plus est, est optimisée par un tri immédiat avant même de remplir les paniers! Maintenant, avant qu'on m'accuse de trop aimer ce vigneron et ses produits, avant qu'on me trouve louche de souligner le beau et le bon, je vous livre ici mes impressions : je n'ai pas tripé sur ses prix. En fait, mon préféré coûte 35$ et mon second, 44,25$, ex æquo avec le moins cher que j'ai aimé tout autant (22,25$). Ce dernier, le Sémillon 2013 (SAQ +10707077), porte des éclats vifs en sa robe d'argent aux reflets verts. Son nez surprend et force à la réflexion avec ses notes florales, épicées, dont on ne peut imaginer les pointes de clou de girofle. J'y ai passé dix bonnes minutes, c'est bien ce qu'il donne du nez. Rien d'agressant, calmez-vous, on parle d'une teinte, une sensation olfactive. Mais à bien y penser, les agencements aux repas sont infinis. Il peut se marier à un dessert sucré salé, ou à une entrée de venaison tout autant qu'avec des flancs de poissons aux herbes fraiches. Ce 22$ m'a conquis, complètement! Et pourtant on ne sent rien de son 14,5% d'alcool.

 

Juste avant lui et si j'en parle seulement maintenant, c'est que, pour être honnête, je n'ai rien découvert. Le prix est très peu élevé par contre et il est en fait moins cher que ce qu'il pourrait valoir*. L'élégance est là, il ne porte pas l'once d'un défaut. Alors les grands amoureux du Chenin Blanc (2014, *OK peut-être trop jeune… SAQ +11416950), pourront s'en donner à cœur... joie et à petit prix. Si vous n'y voyez pas l'intérêt et bien, continuez de boire du jus à 14$. Le Syrah, 2012 (35,50$ SAQ +10709030), très savoureux, riche de parfums allant du beurre à la coriandre en passant par des noisettes, des poivrons et des fruits bleus. C'est culotté d'écrire cela, j'en conviens, mais les vins de Monsieur et Madame Clubb sont quelque chose au pif! D'ailleurs, celui-ci titre à 15% et à ma surprise,  je ne sentais pas l'alcool. Un très bon syrah comme on les voudrait autour de grillades cinq étoiles qui nous pénètrent au romarin et ail en pleine chaleur d'été, au gros soleil.

 

Cependant, j'ai préféré le Cabernet 2012 à 44,25$ (SAQ +10707093), car plus équilibré, élégant et racé. Le genre de cru qui vous épingle sans autre commentaire. Je n'enlève rien au précédent – très bien équilibré d'ailleurs – mais alors qu'il était déjà de grand talent, le Cab évite les commentaires superflus, parle de lui-même et marque de forts points de distinction. Sa couleur violette est unie et dense. Son nez se découvre nettement par étape; deux ou trois marches pour passer du végétal à la venaison en allant vers les cuirs, les poivres (oui, j'ai senti le poivre blanc autant que le noir). Sa bouche est ample, calme, fruitée (bleuet, fraise, dates), riche, épicée (des airs aériens variés que je n'ai pu vraiment isoler). Il ne traine pas en bouche, il reste le temps qu'il faut pour avoir envie de l'accommoder aux saveurs du repas – pour peu qu'on ait fait le bon choix d'accompagnement, mais je ne vais vous donner toutes les réponses non plus. Et une petite touche grasse au contraire des jeunes audacieux un peu rêches. Alors voilà! J'espère vous avoir mis de quoi à la bouche, mais surement pas de l'eau. À vous de voir maintenant.  D

 

www.trialto.com/fr/nos-vins/nos-domaines/l-ecole-no.-41

 

 

 

Posté par : debeur
 
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