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La grande aventure des confitures et marinades Raymond «faites pour plaire!»

Feb 2, 2016

 

Écomusée du fier monde (Photo Debeur)


Originaire de Sainte-Anne-de-Beaupré, Alphonse Raymond, s’installe à Montréal pour y faire fortune. On était en 1902. Travailleur infatigable, il rachète, trois ans plus tard, une petite conserverie qui deviendra rapidement un empire. Voici son histoire...

 

Par Huguette Béraud et Thierry Debeur

Photos Debeur

 

À l’Écomusée du fier monde, l’exposition Confitures et marinades Raymond  retrace l’histoire méconnue d’Alphonse Raymond (photo ci-contre), jeune industriel québécois, fondateur de la premiè­re et de la plus grosse entreprise alimentaire québécoise de l’est du Canada. Fils de commerçant, né à Sainte-Anne-de-Beaupré en 1884, il fait ses études chez les Frères des écoles chrétiennes puis à l’École normale de Québec. En 1902, il s’installe à Montréal dans le faubourg « A mélasse » un quartier ouvrier très industrialisé de Montréal sud.

 

Un visionnaire pour son époque

 

En 1905, ce visionnaire décide de concurrencer les produits d’épicerie importés d’Angleterre. À l’époque il n’y avait pas de production locale. Il achète une petite conserverie sur la rue Plessis et produit une confiture de fraise maison, puis de framboises, et d’autres fruits. Son ambition « nourrir le quartier, nourrir la ville » qui déborde sur la campagne. Viennent ensuite les marinades, les cornichons, les petits oignons blancs, les betteraves, les légumes en conserve (tomates, haricots), la mayonnaise, le catsup (ketchup), le sirop de table, etc. Son slogan « Épargnez votre temps, épargnez votre argent » rejoint la ménagère.

 

L'aventure continue sur la rue Panet

 

En 1913, il achète un terrain rue Panet au sud de la rue Ontario pour y construire sa nouvelle usine. En 1936, d’agrandissements en modernisation, l’entreprise des produits Raymond est la plus grande fabrique de conserves alimentaires du Québec et l’une des plus importantes au Canada. Le slogan change, il devient « Encourageons nos industries ».

 

Étant un grand utilisateur de fruits et légumes, il priorisait ceux du Québec. Il entretenait des relations d’affaires avec les producteurs locaux et les encourageaient dans la qualité et la diversité de leurs cultures. C’était un visionnaire et un précurseur  des achats de proximité. Néanmoins, compte tenu de l’immense succès de son entreprise et de la disponibilité réduite de ses fournisseurs, il fut obligé de compléter ses achats avec des produits venus de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et du Mexique.

 

À droite: Une page de publicité dans La Patrie

 

Le déclin de l'empire Raymond

 

Cette réussite brillera jusqu’en 1960. Alphonse Raymond décède en 1958 laissant son affaire à deux des ses fils Jean et Jacques, qui la dirigeaient déjà depuis plusieurs années. Ils ne peuvent concurrencer ni les multinationales, ni les chaînes qui occupent 70% du marché en s’imposant avec des publicités à grande échelle, des prix moindres et de grands stocks indispensables pour les besoins des grandes chaînes d’alimentation. Les méthodes changent, on ne fait plus du porte à porte chez les épiciers, on a affaire à un seul vendeur et un seul acheteur qui décident de tout et qui imposent leurs commandes. L’empire Raymond s’écroulera en 1971, lorsque les héritiers vendent l’entreprise à Gattuso. Ceux-ci délocaliseront le plan de production à Ville Saint-Laurent et le nom mythique «Raymond» disparaîtra peu à peu.

 

Une exposition très intéressante et détaillée, est actuellement visible à l’Écomusée du fier monde, sur la rue Amherst en face du Marché public Saint-Jacques (angle Ontario), jusqu’au 14 février 2016.

 

Un musée patrimonial de quartier

 

L’Écomusée du fier monde, musée d’histoire et musée citoyen, est installé dans un ancien bain public de quartier splendidement rénové. Les conférences se donnent dans la piscine transformée tandis que l’espace des douches et des anciens vestiaires est consacré aux expositions. Les lieux bénéficient d’une âme ancienne, un décor moderne épuré, une harmonie de blanc et de noir.

 

Cet écomusée organise des expositions culturelles, sociales et économiques qui s’ap­puient sur des recherches profondes du Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal dirigée par Joanne Burgess, rendus possible par divers organismes gouvernementaux. À l’étage, une exposition permanente est consacrée au quartier environnant donnant lieu à des participations de citoyens. Ce quartier du sud de Montréal s’appelait autrefois le Faubourg Québec car il était situé du côté de la capitale nationale. On le surnommait aussi « Faubourg à mélasse » car c’était un aliment très riche utile aux personnes à petit revenus, que l’on fabriquait et que l’on stockait ici. L’Écomusée du fier monde a donc pour vocation de conserver et valoriser la mémoire du patrimoine de ce quartier ainsi que des hommes et des femmes qui y ont vécu.

 

Source : Éric Giroux, historien et responsable de la recherche et des collections de l’Écomusée du fier monde (photo ci-contre).

 

Écoutez la publicité d'époque pour les produits Raymond

 

Voir la publicité télévisée de l'époque

 


Écomusée du fier monde

2050, rue Amherst, Montréal | 514 528-8444

ecomusee.qc.ca

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Posté par : debeur
 
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