Beba, la méditerranée au goût du Québec

Feb 16, 2020

Tarte de foie gras accompagnée de sa salade d’endives et pommes.

Peu s’en rende compte, mais certains arrondissements de Montréal sont en pleine effervescence. C’est le cas, pour le sud-ouest de l’île, où plusieurs restaurateurs sont en train d’y migrer. C’est aussi le cas pour Beba!

Par Mikey Colangelo Lauzon, membre de l’International Wine and Food Society

et Antoine Carre, chevalier du Tastevin du Château du Clos de Vougeot

C’est donc, niché au cœur de Verdun que le restaurant Beba nous ouvre ses portes sur la cuisine méditerranéenne. Utilisant de façon originale les produits saisonniers du Québec, le propriétaire Pablo et son chef Ari Schor, arrivants du restaurant Liverpool House*, nous proposent une carte variée (et changeante) dont les prix sont comparables à un restaurant du centre-ville. La cave à vin est constituée presque uniquement d’importations privées, certains sont vins pour le moins étonnants.

C’est donc dans ce petit restaurant, tout simple et sans prétention, de la rue Ethel que nous sommes reçus pour l’apéro avec le Domaine Jean Bourdy, un Crémant du Jura (France) léger et frais aux touches minérales et fruitées. Ce Chardonnay de Arlay déçoit cependant par de trop fines bulles et un manque de saveurs marqué. Un Crémant de Bourgogne aurait peut-être été plus adéquat.

Une fois à table, le premier service se veut un rappel à la mer: Anchois blanc sur montadito, brochette de burgots confits et flocons d’ail. Nous avons apprécié que les anchois ne soient pas marinés, laissant toute la place au goût naturel du poisson. Cependant, le montadito (sorte de tapas) était un peu trop envahissant en bouche. Les bourgots nous font penser aux escargots par le goût et à la pieuvre par la texture. Agrémenté d’un peu de citron, le résultat final est captivant. Pour agencer le tout, un Petit Chablis 2018, Domaine Gérard Duplessis, Bourgogne. Très caractéristique du Chablis, cette 5e génération de vignerons nous offre un Chardonnay au bouquet floral avec un goût minéral et acidulé, pas étonnant pour des vignes cultivées à près de 200 mètres d’altitude. Nous apprécions surtout l’accord avec les bourgots qui révèle les touches d’ail et l’huile végétale.

Le prochain service, digne de mention, la Tarte de foie gras accompagnée de sa salade d’endives et pommes. Absolument délicieux! Le foie gras fond dans la bouche et la marmelade d’oignon, un peu trop sucré cependant, vient gentiment marier le tout. L’accord vin est assez surprenant : un Trebbiano 2004, Azienda Agricola Casale, de la Toscane, Italie. Ce vin orange présentant des traits de cherry et une robe bien ambrée a macéré 8 ans dans un baril de noisetier. Bien qu’offrant un bouquet floral et des notes de noix, l’accord avec le plat n’est cependant pas très réussi, nous aurions préféré un vin plus sucré et mois acidulé. Un Sauternes aurait fait l’affaire.

Par la suite, les Pâtes maison sauce crème au poulet, pancetta et mortadelle, furent servies avec le Greco di Tufo 2017, Vadiaperti, Campania, Italie. On ne goûte pas du tout la mortadelle, mais la pancetta apporte une bonne petite note salée très agréable. Ce Greco du sud de l’Italie nous révèle des touches d’amande et un côté sucré intéressant.

La pièce de résistance un Cou d’agneau braisé et des lentilles, sauce au vin blanc, est parfaitement exécuté. La viande, agrémentée d'une touche légère de citron frais, fond dans la bouche et se marie très bien avec le Vino Rosso 2018, Tenuta Migliavacca, Piedmont, Italie. Fruit d’un assemblage rare des cépages italiens Barbera, Grignolino et Freisa, nous en apprécions les touches de petits fruits, agrémentés d'une belle acidité s’agençant bien avec le gras de la viande.