Le P'tit Train du Nord : voyage gastronomique dans les Laurentides

Aug 12, 2021

Inauguré en 1996, le parc linéaire du P'tit Train du Nord (La Route Verte 2) parcourt l’ancienne ligne de chemin de fer du Canadian Pacific qui desservait les Laurentides de 1876 à 1989.

Texte et photos de Mikey Colangelo Lauzon

Esq. Membre de l’International Wine and Food Society

C’est le curé Antoine Labelle, abbé de Saint-Jérôme, qui encouragea la colonisation de cette région afin de freiner l'important exode des Canadiens français et supporter l’émigration de nombreux Irlandais et Écossais, qui avait cours à l'époque.

C’est dans ce parc surnommé Le Grand Sentier que Benoit Larocque, Philippe Gagnon, Gabriel Fontaine et moi avons entrepris notre Défi vélo de la marine 2021.

Depuis 2017, sous la direction du commandant de la Marine royale canadienne, cette activité familiale a été lancée dans le but de recueillir des fonds au profit de la Caisse de bienfaisance de la Marine royale canadienne, de la fondation Appuyons nos troupes et du programme Sans-Limites Canada.

Pieds dans les étriers, prêts pour l’aventure, nous avons donné le premier coup de pédale dans un décor magnifique de légendes. Pendant 4 jours, nous avons pédalé plus de 200km de Mont-Laurier à Saint-Jérôme et avons amassé au-delà de 3 000 $ pour ces fondations, grâce à une formidable expérience gastronomique sur la Route gourmande* des Laurentides. Ce reportage relate cette histoire!

Jour 1 – Auberge Chez Ignace, Nominingue

Notre premier arrêt nous amène au km 141, à Nominingue, à l’Auberge Chez Ignace tenue par Cécile et Tony Canot, originaires de Mareuil-le-Port, en Champagne, en France. Ce gîte offre une cuisine aux traits français bien définis.

Souper à 18h30 tapante. En entrée, mon choix se porte sur les escargots gratinés; le fromage est croustillant et les escargots juteux. En plat principal, je choisis le filet de porc, crème de citron et romarin, accompagné des meilleures pommes de terre cuisinées au beurre que j’ai mangés. Bien que je préfère ma viande un peu plus rosée, la sauce citron et romarin était très réussie. Pour le vin, nous choisissons un rosé 2019, Croix Saint-Jean de Corbières, vignoble de Tony Canot. Cet assemblage Grenache et Syrah à 13,5% nous fait redécouvrir le vin rosé, avec son nez floral et petits fruit, extrait de raisins noirs selon la méthode traditionnelle. En bouche, on dénote une touche de miel, mais aussi une acidité certaine sur la langue qui rafraichit. Le café, servit en cafetière filtre-presse français, fait le lien avec les desserts: un flan au sirop d’érable et un cheese-cake accompagné d’une sauce crème de cassis maison. Dans cette auberge, au bord d'un lac, nous avons vécu une très belle expérience, avec un service amical et chaleureux.

Jour 2 – Tremblant et La Conception

Notre second arrêt nous amène au restaurant La Savoie, raclette et fondue, dans le Vieux-Tremblant. Ce restaurant continue la tradition européenne. Il nous offre une expérience de raclette des Alpes suisses typique : une meule chauffée par un élément faisant fondre le fromage sur nos pommes de terre rissolées, accompagnées de charcuteries et ses condiments. Un beau moment !

Nous passons la nuit aux Jardins de L'Achillée Millefeuille, à La Conception au km 99, tenus par Claude Valiquette et Monique Lortie. Ils nous servent un petit déjeuner saveurs nature : des œufs biologiques à la coque, pondus par des poules en liberté sur le domaine (je me suis d’ailleurs fait mordre le doigt en prenant une photo), une potion magique faite de plantes filtrées, des boules d’énergie maison sans sucre et un gruau de quinoa froid au lait de soya. Je n'ai pas été émerveillé par ce maigre repas qui m'a laissé sur ma faim. Un très beau site, chambres confortables, bien décorées, mais des hôtes pas très accueillants. Le service et l'expérience client laissent à désirer.

Jour 3 – Auberge du Vieux Foyer, Val-David

Notre troisième arrêt au km 42, à l’Auberge du Vieux Foyer à Val-David, recommandé Debeur 2017. L’auberge offre une carte du soir très complète et un repas de cinq services. Pour l’entrée, mon choix s’arrête sur le gravlax de saumon de l’Atlantique, salade de fenouil, moutarde à l’aneth. Présenté sur un lit de feuilleté, le gravlax au goût légèrement fumé se marie bien avec la sauce. Cependant, le tataki de filet de bœuf de Benoît est servi avec une sauce thaïe beaucoup trop sucrée qui vient masquer le goût de la viande. En second service arrive le consommé de bœuf et vermicelle dans lequel j'ai rajouté un peu de vin rouge pour le plaisir. Mon plat principal est l’Osso buco sur lit de linguine sauce marinara. La viande est tendre et l’os à moelle est parfaitement cuisiné avec une touche de sel. Le vin, un Brouilly 2019, Mignot Père & fils, Beaujolais 100% Gamay à 13,5%, présente une robe rubis au nez de fruits rouges avec une note gustative de fraise et de cerise. Pour clore le repas, une tartelette aux poires avec coulis de caramel qui fond en bouche. Le bar est plus ou moins incomplet, mais nous sommes satisfaits des cocktails et digestifs offerts.

Jour 4 – Terminus Saint-Jérôme

Arrivé à destination au km 0, à Saint-Jérôme, nous allons à la rencontre de Gilbert Hamel, dit « le magnifique », au marché public qui nous présente le digestif du Domaine Kildare à 22.5% d’alcool, au goût très prononcé de sirop d’érable. Cette boisson alcoolique au sirop d’érable célèbre sa 27e année de production à Oka, et utilise toujours la même recette : sirop, levure, eau et alcool de maïs.

Par la suite, nous relaxons avec une dégustation de bières à la microbrasserie Dieu du Ciel. Mes favorites : l’Été Indien et la Péché mortel : la première, une bière sure de blé à la mangue à 5,9% d’alcool reste très fidèle à la chair de mangue, tandis que le goût du blé suri persiste en bouche; la seconde, une stout impérial au café à 9,5% d’alcool plutôt intense, laisse une amertume intéressante en fin de bouche.

En conclusion, si vous choisissez cette Route gourmande, et ce forfait vélo, ils vous feront découvrir les délices des Laurentides, sur un sentier bien entretenu et un paysage féérique qui vous transportera dans Les Belles Histoires des pays d’en haut de Claude-Henri Grignon. Arrêtez-vous quelques instants à la Gare en trop de Lac-Saguay, peut-être entendrez-vous le sifflet du grand train noir du diable de la légende!