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ÉDITO: Debeur pète les plombs avec le poivre du moulin

Feb 8, 2012

 

Le poivre du moulin

Article d'opinion de Thierry Debeur

«Voulez-vous un peu de poivre du moulin ?» me demande le serveur tenant un immense poivrier de bois à la manière d'un harpon. L'instant est intense, suspendu dans le temps, le geste figé du serveur prêt à envoyer la pluie de petits grains concassés en un délicat fumet épicé sur la création du chef. Quelle horreur !  En haute gastronomie, le plat du chef n'est-il pas supposé être déjà parfaitement assaisonné ?  Servi à point ?  Normalement, à ce stade du raffinement, on ne met ni sel, ni poivre, ni pain à table. Le fait de proposer un ajout de poivre démontre sans contredit un très grand manque de confiance de l'établissement et du client envers le savoir-faire du chef.

Et puis, surtout, comment savoir avec certitude si le mets manque de poivre si on ne l'a pas goûté avant ?  Or le serveur, armé de son poivrier intervient au moment même où vous êtes servi et vous presse de sa proposition alors que vous n'avez pas eu le temps de goûter votre plat. Et la plupart du temps, les clients disent "oui" ou "non" sans même savoir si leur réponse est adéquate et justifiée. Encore un anachronisme qui bloque la digestion. Tout ça pour faire bon chic bon genre. Bon !...

Cet article a déjà été publié dans Les Lettres Gastronomiques (Éditions Debeur)

Posté par : debeur
 
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